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Déguisements d’Halloween : on ne peut plus rien dire, plus rien faire ?

Chaque fin octobre est devenue une occasion de rappeler qu’il existe des déguisements plus problématiques que d’autres, en l’occurrence parce qu’ils font d’une culture un objet d’amusement. Je comprends les personnes réfractaires à ces propos, celles qui, comme moi pendant longtemps, « ne voient pas le problème » : cette difficulté à changer de lunettes, nous l’avons toutes et tous…

Il faudra donc expliquer encore et toujours

Ce post Instagram du magazine Tapage a été quasiment boycotté par la communauté, de nombreux.ses followers ne comprenant pas ce qu’il y a de malaisant à se déguiser en "Indien" ou en "Indienne", en geisha ou en Péruvien.ne à l’occasion d’Halloween. Des dizaines d’entre elleux menacent de se désabonner. Seul le blackface est unanimement reconnu comme « limite » (ouf !). Comme me disait une auditrice de Joyeux Bazar, « iels ne se demandent pas pourquoi personne ne se déguise en Américain.e ? ». Il faudra donc expliquer encore et toujours, voire éditer des guides explicatifs comme l’a fait le mouvement féministe belge « Femmes Prévoyantes ».

Ce sujet me fascine pour ce qu’il dit de notre difficulté à changer nos habitudes et nos convictions, notamment celles qui ont trait à notre bon droit. Ces polémiques soulignent aussi le sentiment croissant de ne plus pouvoir rien faire, rien dire, sans être taxé.e d’appropriation culturelle, de racisme, de sexisme ou tant d’autres -ismes.

Certain.e.s peuvent percevoir les mouvements woke ou féministes comme une menace sur leur propre liberté

Paradis perdu

Je soutiens sans réserve le refus de ces costumes, et « en même temps » je comprends la difficulté qu’il y a à ne plus pouvoir choisir avec insouciance son déguisement, ne plus chanter à tue-tête le tube « Ani Kuni » parce qu’on vient d’en apprendre le sens et le contexte, ne plus pouvoir faire une blague à la OSS 117.

Issue de plusieurs identités minoritaires, je ne suis moi-même consciente de cette question des déguisements que depuis… un an environ. Et je comprends parfaitement que d’autres puissent percevoir les mouvements woke ou féministes comme une menace de plus en plus forte sur leur propre liberté. C’est le propre des mouvements de libération de la parole, ils sont soudains : depuis toujours, des personnes se (sur)adaptent, et un jour leurs enfants décident d’exprimer à voix hautes leurs aspirations, leur identité, leurs limites. Ça pique !

Quelque chose en elleux sera pertubé, c'est-à-dire en mouvement

Une fois qu’on sait…

Notre époque est pleine d’injonctions et de culpabilisation – sur l’impact écologique de nos actions, sur les conditions de production de nos vêtements, sur notre manière de séduire, sur tout. On voudrait oublier, continuer comme avant, mais impossible : « une fois qu’on sait, on ne peut plus faire comme si on ne savait pas ».

Et cette impossible amnésie volontaire est une bonne nouvelle ! Elle nous permet de faire le pas le plus difficile, c’est-à-dire le premier. Ce premier petit pas qui nous fait passer de rien à un peu. Pour le dire autrement, même ces personnes qui ont quitté un compte Instagram empêcheur-de-tourner-en-rond auront au moins entendu une fois que certains déguisements peuvent gêner quelqu’un. Quand elles enfileront leur "coiffe d’Indien" ou leur afro, elles sauront. Et quoi qu’elles en disent, quelque chose en elles sera perturbé, c’est-à-dire, en mouvement. Ça s’appelle la déconstruction : c’est un chemin long, pénible et éclairant.

Image de couverture : Photo via Vecteezy

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