A l’adolescence, Inès s’est éloignée de ses racines tunisiennes, pas assez « cool », et a plutôt développé une passion dévorante pour le Japon. Elle y a vécu pendant plus de deux ans ensuite, et est devenue bilingue en japonais tandis que son arabe se limitait toujours à « fais-moi un bisou » 😉. Plus tard, elle a travaillé au Cameroun comme chargée de projets culturels, ce qui lui a permis de découvrir une Afrique moderne, « cool » et riche. Ces deux expériences lui ont donné un puissant sentiment d’appartenir à une lignée, une capacité à décentrer son regard, et ainsi un profond désir d’investir à présent son identité tunisienne.
Nous avons parlé sa famille métissée (3’10), du moment où sa double culture a commencé à sonner un peu faux (3’54), du soft power japonais qui a conquis la jeune Française qu’elle était (4’42), de son expérience de l’altérité au Japon (8’10), du fait qu’elle n’ait jamais appris l’arabe et que pendant longtemps on a considéré que le bilinguisme perturbait le développement de l’enfant (9’26), de l’expatriation comme trait d’union avec le parcours d’immigration de son propre père 12’05), de ses études d’interculturalité qui lui ont permis de travailler dans un Institut français (13’31), du « bled », ce mot à la fois attachant et péjoratif (14’36), de fierté et de réappropriation de ses racines (15’45), de sa position de fonctionnaire française dans une ancienne colonie (16’43), de l’envie d’investir enfin et durablement sa culture tunisienne (18’14), des étiquettes « diversité » qu’on lui colle parfois (20’26)…
Réalisation : Alexia Sena
Musique : Lowrider (by Joakim Karud)