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Pourquoi il faut parler du racisme aux enfants (à TOUS les enfants)

Parler aux enfants de biais, blanchité, stéréotypes, privilèges et tous ces mots-valises très compliqués, hautement clivants et terriblement anxiogènes ? Personne n’en a envie ! Pourtant, il est indispensable d’avoir des conversations claires et directes (avec des mots d’enfants, certes) sur le sujet. Voici pourquoi.

Repérer le système pour l'améliorer

J’avais été effarée devant cet épisode de la série Grey’s Anatomy dans lequel Miranda Bailey et son mari jugent que l’heure est venue d’apprendre à leur fils comment se comporter en cas de contrôle de police (par exemple, ne jamais, jamais, jamais partir en courant). J’ai été encore plus effarée d’apprendre que cette conversation sur les risques encourus du fait d’être noir.e (« the talk ») est un grand classique au sein des familles afro-américaines, une étape comme le premier vélo ou le permis de conduire.

Mais même dans les familles qui seraient moins susceptibles d’être victimes de racisme, des conversations régulières sur le sujet devraient avoir lieu. Soucieux de protéger les enfants, on passe souvent par des voies détournées : des livres qui représentent la société dans toute sa diversité, des poupées de toutes les couleurs, des écoles avec une forte mixité sociale… Mais le témoignage ci-après démontre que ce n’est pas suffisant.

Parce que le plus grand obstacle au vivre-ensemble aujourd’hui n’est pas une affaire de bonnes manières ou de mauvaises gens, mais de système. La polarisation actuelle de la société repose sur des mécanismes collectifs, séculaires, peu visibles, dont nous sommes tous et toutes potentiellement victimes… et auteurs.rices, consciemment ou non, racisé.e ou non. On ne peut donc transformer ces mécanismes sans les questionner activement, surtout chez les enfants, qui verbalisent moins.

« Avoir une poupée noire ou un doudou noir ne suffit pas. Il faut parler, questionner, interroger les représentations de nos enfants. »

Elia, autrice du blog Cotidiane

S’intégrer ou être intégré.e ?

Voici l’histoire rapportée par la blogueuse Elia : sa fille rentre de l’école en expliquant qu’un garçon de grande section a troué sa robe avec une paire de ciseaux. Elia apprend qu’il s’agit d’un « nouveau », qui peine à s’intégrer dans la classe car il est anglophone et maîtrise peu le français. A force de questionner sa fille, elle découvre que le petit garçon n’a rien fait. En revanche, il fait peur à la petite fille, parce que personne ne comprend ce qu’il dit (et vice-versa, a priori). Les enfants à l’école l’appellent tous « le monstre ».

Il y a quelques mois, mon amie I. m’avait envoyé un message paniqué. Son fils venait de lui dire « je n’aime pas Victoire… parce qu’elle est marron ». Venant d’un petit garçon à moitié marocain, ce n’est pas banal ! Ses parents avaient peut-être prévu de lui parler, un jour, du racisme qu’il pourrait subir dans la rue ou dans la cour de récré, mais jamais ils ne s’étaient doutés que lui-même pourrait être l’auteur de telles paroles.

« Il faut mener une éducation non raciste comme nous pouvons mener une éducation non sexiste. Il faut la même radicalité. »

Elia, autrice du blog Cotidiane

Soit on part du principe que notre enfant ne peut tout simplement pas avoir de préjugés (parce qu’il est bien élevé, grandit au contact de la diversité, est lui-même issu d’une minorité, etc.), soit on comprend l’aspect systémique de l’affaire et on réagit. Pourquoi ces enfants ont surnommé leur camarade « le monstre » ? Quel imaginaire projettent-ils sur les enfants étrangers, non-blancs, qui parlent mal français ? Comment peut-on y remédier ? La maîtresse a convoqué les familles individuellement et n’en a pas fait un sujet collectif, un sujet de vivre-ensemble. La question a été posée comme une difficulté de ce petit garçon à s’intégrer, et jamais comme une difficulté de ses camarades à l’intégrer parmi eux.

Les enfants absorbent les non-dits de la société

Bien que visuellement blanche, la fille d’Elia est métissée. Et donc sensibilisée à la différence, pourrait-on croire. Mais existe-t-il un gène qui prémunit du préjugé ? Une éducation qui traque le stéréotype jusqu’au plus profond de l’inconscient ? Non, et pendant ce temps les films, les livres, les discours des adultes, les publicités, les réactions inconscientes de nos amis bienpensants, les médias, en disent bien plus long que le message d’ouverture timidement véhiculé par le doudou noir ou la poupée handicapée offerte à Noël.

On remet à plus tard la conversation (quand on envisage d’en avoir une un jour), alors que le « test de la poupée noire et la poupée blanche » montre bien, année après année, que certains stéréotypes s’installent dès le plus jeune âge : les enfants noirs trouvent que la poupée noire est moche et méchante « parce qu’elle est noire ». Sachant que les enfants mettent beaucoup de temps à poser des mots sur les stéréotypes et agressions dont ils et elles sont victimes, témoins ou auteurs.ices, combien de temps faut-il attendre ? Et que faut-il leur dire ? Je vous recommande très vivement d’écouter cet épisode du podcast « Les enfants du bruit et de l’odeur », en espérant qu’il fera naître des conversations éclairantes dans les chaumières, et un avenir plus serein pour tous.tes.

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